Entre 10 000 € et 25 000 €

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  • Paysage à la huppe

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Goubely. Avec son bolduc. 1941.

    L’Œuvre tissée de Gromaire est modeste : 11 cartons, conçus entre 1938 et 1944, la plupart à Aubusson même. « Ses constructions rigoureuse, ses simplifications, son goût de la grande composition et des grandes idées fondamentales, sa science de coloriste et pour tout résumer sa suprême qualité de maître et d’ouvrier, tout cela devait faire de lui un des plus parfaits tapissiers de son temps », pourra dire Jean Cassou (Cat. Expo. Marcel Gromaire, Paris, Musée National d’art moderne, 1963).

    C’est Guillaume Janneau, à la tête du Mobilier National , qui fait appel à lui en 1938, persuadé que son style (simplification des formes, dessin géométrique cerné de noirs, influence du cubisme, palette limitée …) répondra avantageusement aux problèmes esthétiques nouveaux que doit résoudre la tapisserie pour renaître (gammes de couleurs simplifiées, cartons synthétiques,…) : d’abord avec une commande sur le thème des quatre éléments, suivie d’une autre (« les Saisons »), destinée à être exécutée à Aubusson. Gromaire, en 1940 y rejoint Lurçat et Dubreuil. Travaillant seul, méticuleusement (de nombreux dessins sont préparatoires au carton, peint, et non numéroté comme chez Lurçat), en étroite collaboration avec Suzanne Goubely, qui tissera tous ses cartons, il passe 4 ans à Aubusson, vouant toutes ses forces créatives à la tapisserie. A l’issue de la guerre, il quitte la Creuse, et ne réalisera plus de cartons, laissant à Lurçat la place de grand initiateur du renouveau de la tapisserie.

    « Paysage à la huppe» est l’un des 5 cartons conçus par Gromaire pour l’atelier Goubely , et il est emblématique de son style : inspiration d’après les paysages locaux, absence de perspective, aspect décoratif foisonnant (la huppe est comme fondue dans le paysage) et rigoureusement ordonnancé, gamme chromatique resserrée… Cette tapisserie a figuré à l’exposition « La tapisserie française du Moyen-Âge à nos jours » qui s’est tenue au Musée d’Art Moderne en 1946.

    Bibliographie :

    Le Point, Aubusson et la renaissance de la tapisserie, mars 1946, reproduite p.37 (détail)

    Jean Lurçat, Tapisserie française, Bordas, 1947, planche 25

    J. Cassou, M. Damain, R. Moutard-Uldry, la tapisserie française et les peintres cartonniers, Tel, 1957, ill. p.61

    Cat. Expo., Gromaire, œuvre tissée, Aubusson, Musée de la tapisserie, 1995, reproduit p.55

    Cat. Expo. La manufacture des Gobelins dans la première moitié du XXe siècle, Beauvais, Galerie nationale de la tapisserie, 1999

  • Composition

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Tabard. Avec son bolduc effacé, signé de l’artiste. 1964 ou 1965.
    Très vite peintre abstrait, Mortensen s’installe à Paris en 1947, et expose bientôt, avec d’autres tenants de l’abstraction géométrique, à la galerie Denise René. Et, en 1952, avec le concours de François Tabard et de Vasarely s’ouvre à la galerie l’exposition “12 tapisseries inédites”, où figurent, aux côtés de Le Corbusier ou Léger, des oeuvres de Deyrolle, Taueber-Arp ou Mortensen, qui sont ainsi les premiers peintres abstraits à être tissés : un nouveau mode d’expression est ainsi né (n’oublions pas que nous sommes alors dans l’outrageuse domination du “style Lurçat”), dont se réclameront ensuite Gilioli, Matégot ou Tourlière. La participation de Mortensen aux “tapisseries René-Tabard” durera jusqu’en 1968, bien qu’il soit rentré au Danemark dès 1964. Les 14 tapisseries de l’artiste qui seront tissées reprennent ses grandes compositions géométriques, aux couleurs claires, vives et contrastées, aux grands aplats colorés, rendus avec bonheur par les liciers de l’atelier Tabard. Notre tapisserie est l’une des 3 tapisseries de Mortensen restées sans titres tissées par l’atelier Tabard en 1964-1965 (cf. répertoire des tapisseries tissées par l’atelier Tabard); toutes les 3 sont restées uniques.
    Bibliographie : Cat. Expo. Aubusson, la voie abstraite, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1993
  • Ombres et lumières

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Pinton. Avec son bolduc signé de l’artiste. Circa 1965.
    Matégot, d’abord décorateur, puis créateur d’objets et de mobilier (activité à laquelle il renonce en 1959), rencontre François Tabard en 1945, et lui donne ses premiers cartons, figuratifs d’abord, puis bientôt abstraits, dès les années 50. Il devient membre de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) en 1949, participe à de multiples expositions internationales (Matégot, comme Lurçat avant lui, sera un infatigable militant de la tapisserie), répond à de nombreuses commandes publiques, parfois monumentales (“Rouen”, 85 m2 pour la préfecture de Seine-Maritime, mais aussi tapisseries pour Orly, pour la Maison de la Radio, pour le FMI…) et réalise pas moins de 629 cartons jusque dans les années 70. En 1990 est inaugurée la fondation Matégot pour la tapisserie contemporaine à Bethesda, aux Etats-Unis. Matégot a fait partie, avec d’autres artistes comme Wogensky, Tourlière ou Prassinos, de ceux qui orienteront résolument la laine vers l’abstraction, lyrique d’abord, géométrique dans les années 70, en exploitant différents aspects techniques du métier : dégradés, battages, piqués, pointillés… Cette tapisserie rejoint les préoccupations de Matégot sur les jeux d’ombres et/ou de lumière, qu’il évoque souvent dans ces titres (Cf. “Lumière d’été”, vente Millon-Robert, 7.11.90, n°31, reproduite en couverture du catalogue, “Piège de lumière” conservé au Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, et reproduit p.47 du catalogue de l’exposition ). Ici le carton est fortement contrasté, comme un rayon de lumière entre 2 blocs opaques (mais avec des failles) et noirs (mais avec des nuances). A vrai dire, toute la production de Matégot joue sur ces transparences et ces superpositions, comme si la lumière (pourtant fatale à ses couleurs) s’efforçait de traverser la laine. Provenance : Fonds de l’atelier Pinton Bibliographie : Cat. Exp. Matégot, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1990-1991
  • Le soleil de Tijuana

    Tapisserie d’Aubusson tissée par les ateliers Pinton d’après le carton de Mathieu Matégot. Bolduc signé. Circa 1960.
    Matégot, d’abord décorateur, puis créateur d’objets et de mobilier (activité à laquelle il renonce en 1959), rencontre François Tabard en 1945, et lui donne ses premiers cartons, figuratifs d’abord, puis bientôt abstraits, dès les années 50. Il devient membre de l’A.P.C.T. (Association des Peintres Cartonniers de Tapisserie) en 1949, participe à de multiples expositions internationales (Matégot, comme Lurçat avant lui, sera un infatigable militant de la tapisserie), répond à de nombreuses commandes publiques, parfois monumentales (“Rouen”, 85 m2 pour la préfecture de Seine-Maritime, mais aussi tapisseries pour Orly, pour la Maison de la Radio, pour le FMI…) et réalise pas moins de 629 cartons jusque dans les années 70. En 1990 est inaugurée la fondation Matégot pour la tapisserie contemporaine à Bethesda, aux Etats-Unis. Matégot a fait partie, avec d’autres artistes comme Wogensky, Tourlière ou Prassinos, de ceux qui orienteront résolument la laine vers l’abstraction, lyrique d’abord, géométrique dans les années 70, en exploitant différents aspects techniques du métier : dégradés, battages, piqués, pointillés… Matégot, s’il est un décorateur d’avant-garde, un créateur reconnu de mobilier et d’objets, a réalisé aussi une oeuvre tissée essentiellement abstraite. Mais il ne s’agit pas ici d’abstraction pure : c’est plutôt l’évocation d’un lieu (il y aura aussi” Mindanao”, “Santa Barbara”,…), de son climat, grâce à l’emploi de tous les moyens permis par la tapisserie : transparences, dégradés, battages,… Provenance : Fonds de l’atelier Pinton Bibliographie : Cat. Exp. Matégot, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1990-1991
  • Soleil carré

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Pinton. Avec son bolduc signé de l’artiste, n°EX-A. Circa 1965.
    Matégot, d’abord décorateur, puis créateur d’objets et de mobilier (activité à laquelle il renonce en 1959), rencontre François Tabard en 1945, et lui donne ses premiers cartons, figuratifs d’abord, puis bientôt abstraits, dès les années 50. Il devient membre de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) en 1949, participe à de multiples expositions internationales (Matégot, comme Lurçat avant lui, sera un infatigable militant de la tapisserie), répond à de nombreuses commandes publiques, parfois monumentales (“Rouen”, 85 m2 pour la préfecture de Seine-Maritime, mais aussi tapisseries pour Orly, pour la Maison de la Radio, pour le FMI…) et réalise pas moins de 629 cartons jusque dans les années 70. En 1990 est inaugurée la fondation Matégot pour la tapisserie contemporaine à Bethesda, aux Etats-Unis. Matégot a fait partie, avec d’autres artistes comme Wogensky, Tourlière ou Prassinos, de ceux qui orienteront résolument la laine vers l’abstraction, lyrique d’abord, géométrique dans les années 70, en exploitant différents aspects techniques du métier : dégradés, battages, piqués, pointillés… « Soleil carré » (un oxymore) illustre lui aussi le style de Matégot au mitan des années 60, où ombres et lumières s’affrontent : de la partie supérieure droite de la tapisserie, les couleurs, irradiantes, dispersent, de façon concentrique, les ténèbres. Bibliographie : Cat. Exp. Matégot, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1990-1991 Patrick Favardin, Mathieu Matégot, Editions Norma, 2014
  • La mare aux oiseaux

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Goubely. N°II. 1941.
    L’Œuvre tissée de Gromaire est modeste : 11 cartons, conçus entre 1938 et 1944, la plupart à Aubusson même. « Ses constructions rigoureuse, ses simplifications, son goût de la grande composition et des grandes idées fondamentales, sa science de coloriste et pour tout résumer sa suprême qualité de maître et d’ouvrier, tout cela devait faire de lui un des plus parfaits tapissiers de son temps », pourra dire Jean Cassou (Cat. Expo. Marcel Gromaire, Paris, Musée National d’art moderne, 1963). C’est Guillaume Janneau, à la tête du Mobilier National , qui fait appel à lui en 1938, persuadé que son style (simplification des formes, dessin géométrique cerné de noirs, influence du cubisme, palette limitée …) répondra avantageusement aux problèmes esthétiques nouveaux que doit résoudre la tapisserie pour renaître (gammes de couleurs simplifiées, cartons synthétiques,…) : d’abord avec une commande sur le thème des quatre éléments, suivie d’une autre (« les Saisons »), destinée à être exécutée à Aubusson. Gromaire, en 1940 y rejoint Lurçat et Dubreuil. Travaillant seul, méticuleusement (de nombreux dessins sont préparatoires au carton, peint, et non numéroté comme chez Lurçat), en étroite collaboration avec Suzanne Goubely, qui tissera tous ses cartons, il passe 4 ans à Aubusson, vouant toutes ses forces créatives à la tapisserie. A l’issue de la guerre, il quitte la Creuse, et ne réalisera plus de cartons, laissant à Lurçat la place de grand initiateur du renouveau de la tapisserie. « La mare aux oiseaux » est symptomatique de l’esthétique tissée de Gromaire, par son caractère extrêmement décoratif et quasi onirique (bien loin de ses œuvres graphiques), par le choix du sujet, à la fois animal et végétal (et même architectural), et très fortement inspiré par la Creuse. Ce qui frappe surtout, c’est l’extraordinaire densité, le foisonnement, la profusion,… qui rendent l’œuvre tissée de Gromaire si inimitable. Cette tapisserie a figuré à l’exposition « La tapisserie française du Moyen-Âge à nos jours » qui s’est tenue au Musée d’Art Moderne en 1946. Bibliographie : Le Point, Aubusson et la renaissance de la tapisserie, mars 1946, reproduite p.34 Muraille et laine, éditions pierre Tisné, 1946, ill. n°51 Cat Expo., Tapisseries d’Aubusson, Luxembourg, Galerie d’art municipale, 1982, n°3 Cat. Expo., Gromaire, œuvre tissée, Aubusson, Musée de la tapisserie, 1995, reproduit p.51 Cat. Expo. La manufacture des Gobelins dans la première moitié du XXe siècle, Beauvais, Galerie nationale de la tapisserie, 1999
     
  • L’Homme et la Terre

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Hamot. 1962.
    Jean Picart le Doux est l’un des grands animateurs du renouveau de la tapisserie. Ses débuts dans le domaine datent de 1943 : il réalise alors des cartons pour le paquebot “la Marseillaise”. Proche de Lurçat, dont il épouse les théories (tons limités, cartons numérotés,…), il est membre fondateur de l’A.P.C.T.(Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie), et bientôt professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. L’Etat lui commande de nombreux cartons tissés pour la plupart à Aubusson, pour certains aux Gobelins : les plus spectaculaires le seront pour l’Université de Caen, le Théâtre du Mans, le Paquebot France ou la Préfecture de la Creuse,…. Si les conceptions de Picart le Doux sont proches de celles de Lurçat, ses sources d’inspiration, ses thématiques, le sont aussi, mais dans un registre plus décoratif que symbolique, où se côtoient les astres (le soleil, la lune, les étoiles…), les éléments, la nature (le blé, la vigne, les poissons, les oiseaux…), l’homme, les textes,…. Au tournant des années 60, Picart le Doux conçoit une série de grands cartons (“le Temps”, “Galaxie”, “l’Homme et la Mer”,…), spectaculaires allégories centrées autour de l’Homme, au cœur de la Création. Dans notre synthétique « L’Homme et la Terre », Le vocabulaire, de ceps de vignes, épis de blé, corps humain irrigué de veines,… reprend d’autres cartons antérieurs de l’artiste. Bibliographie : Maurice Bruzeau, Jean Picart le Doux, Murs de soleil, Editions Cercle d’art, 1972, ill. n°132 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, tapisseries, Musée de Saint-Denis, 1976 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, Musée de la Poste, 1980
  • Nappe blanche

    Tapisserie d'Aubusson tissée dans l'atelier Goubely. Circa 1955.
    L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres,  la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et  la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde. Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde »( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers), inachevé à sa mort. Le thème de la table dressée est un leitmotiv chez Lurçat, dès les années 40 (cf. Les quatre coins, 1943, Atelier Goubely-Gatien , Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine). Ces tables, parfois très "cornes d'abondance", et accompagnée souvent d'instruments de musique (mandoline en général) rappellent les tableaux de nature morte du XVIIe siècle, thème étranger d'ailleurs à la tapisserie d'alors. Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d'Art moderne de la ville de Paris, 1976 Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016
  • Oiseaux de proie

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Goubely. Avec son bolduc signé du cachet, et du fils de l'artiste, n°6/6 1941.
    L’Œuvre tissée de Gromaire est modeste :  11 cartons, conçus entre 1938 et 1944, la plupart à Aubusson même. « Ses constructions rigoureuse, ses simplifications, son goût de la grande composition et des grandes idées fondamentales, sa science de coloriste et pour tout résumer sa suprême qualité de maître et d’ouvrier, tout cela devait faire de lui un des plus parfaits tapissiers de son temps », pourra dire Jean Cassou (Cat. Expo. Marcel Gromaire, Paris, Musée National d’art moderne, 1963). C’est Guillaume Janneau, à la tête du Mobilier National , qui fait appel à lui en 1938, persuadé que son style (simplification des formes, dessin géométrique cerné de noirs, influence du cubisme, palette limitée …) répondra  avantageusement aux problèmes esthétiques nouveaux que doit résoudre la tapisserie pour renaître (gammes de couleurs simplifiées, cartons synthétiques,…) : d’abord avec une commande sur le thème des quatre éléments, suivie d’une autre (« les Saisons »), destinée à être exécutée à Aubusson. Gromaire, en 1940 y rejoint Lurçat et Dubreuil. Travaillant seul, méticuleusement (de nombreux dessins sont préparatoires au carton, peint, et non numéroté comme chez Lurçat), en étroite collaboration avec Suzanne Goubely, qui tissera tous ses cartons, il passe 4 ans à Aubusson, vouant toutes ses forces créatives à la tapisserie. A l’issue de la guerre, il quitte la Creuse, et ne réalisera plus de cartons, laissant à Lurçat la place de grand initiateur du renouveau de la tapisserie. « Oiseaux de proie» est l’un des 5 cartons conçus par Gromaire pour l’atelier Goubely pendant la Guerre , et il est emblématique de son style : inspiration d’après les paysages locaux, absence de perspective, aspect décoratif foisonnant et rigoureusement ordonnancé, gamme chromatique resserrée (on notera d’ailleurs, dans cette France occupée, la dominante tricolore du carton)… L’ambiance y est aussi plus inquiétante que dans les autres tapisseries alors tissées. Bibliographie : Le Point, Aubusson et la renaissance de la tapisserie, mars 1946, reproduite p.35 Jean Lurçat, Tapisserie française, Bordas, 1947, planche 27 J. Cassou, M. Damain, R. Moutard-Uldry, la tapisserie française et les peintres cartonniers, Tel, 1957 Cat. Expo., Gromaire, œuvre tissée, Aubusson,  Musée de la tapisserie, 1995, reproduit p.49 Colloque, Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie, 1992, ill.14 (détail) Cat. Expo. La manufacture des Gobelins dans la première moitié du XXe siècle, Beauvais, Galerie nationale de la tapisserie, 1999
     
     
  • Tapis de sol

    Tapis/Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Goubely. 1959.
     
    Familiarisé dès sa formation dans l’atelier de Bissière avec l’art mural (décors à l’Exposition de 1937),  puis aux arts appliqués, en lien surtout avec l’art sacré (cartons de vitraux, ornements liturgiques,…), Manessier va réaliser son premier carton en 1947. Déçu par les premiers résultats, trop secs et précis, il se tourne dans les années 50 vers l’atelier Plasse le Caisne. Usant d’une technique différente qui permet contraste de points, jeux de matière, différences de relief,…et une plus grande latitude d’interprétation  pour le lissier, dans un dialogue très fourni avec le cartonnier,  Plasse le Caisne va dès lors tisser la plupart des tapisseries de Manessier, parfois de très vastes dimensions (« Chant Grégorien » pour la Maison de la Radio,…), parfois constitutives d’un cycle (les 12 « Cantiques spirituels de Saint jean de la Croix),…. Œuvre très singulière chez Manessier : de par sa fonction, un tapis, mais tissé au point d’Aubusson dans l’atelier Goubely (leur seule collaboration) ; une pièce unique, commandée par Myriam Prévot, co-directrice de la Galerie de France, qui présentait alors la plupart des peintres de la non-figuration et de l’abstraction lyrique (et consacra notamment 7 expositions personnelles à Manessier), pour la décoration de son appartement du quai d’Anjou : un témoignage donc de la proximité d’un artiste avec la galeriste le défendant.   Bibliographie : Cat. Expo. Manessier, oeuvre tissé, Eglise du château de Felletin, 1993 (reproduit p.39)
  • Banlieue  Tapisserie d'Aubusson tissée dans l'atelier Goubely. Avec son bolduc signé. 1945.     Féru d'art mural dès 1937 (il participe à l'Exposition Internationale), Lagrange dessine ses premiers cartons en 1945, et devient l'un des membres fondateurs de l'A.P.C.T. D'abord expressionnistes (comme Matégot ou Tourlière), ses cartons  (à partir de sa collaboration avec Pierre Baudouin) évoluent vers une stylisation qui aboutira dans les années 70 à des cartons faits de signes épurés dans des tons purs. Par ailleurs, au-delà de son rôle dans la renaissance de la tapisserie (et des commandes publiques afférentes), Lagrange sera Professeur à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts, mais aussi un collaborateur régulier de Jacques Tati, un concepteur de décors monumentaux, enfin un artiste-peintre reconnu, proche d'Estève ou de Lapicque.   “Banlieue”, ma première tapisserie tissée à Aubusson, raconte le spectacle des cardeurs de matelas faisant voler la laine dans les rues avec une curieuse machine”explique l’artiste. A ses débuts, Lagrange aborde, dans une veine réaliste, expressionniste même, les thèmes de la banlieue, des métiers (amusante mise en abyme sur le travail de la laine), de la vie quotidienne (cf. Guignebert “le marché aux puces”, contemporain) dans une veine aux antipodes de la cosmogonie de Lurçat. La tapisserie figure à l’exposition de 1946, et 2 exemplaires sont conserves dans des collections publiques, au Musée de la-Chaux-de -Fonds, et à celui du Pays d’Ussel.   Bibliographie : Collectif, Muraille et laine, Editions Pierre Tisné, 1946, ill. n°58 Madeleine Jarry, La tapisserie, art du XXe siècle, Office du livre, 1974, ill. n°69 Cat. Exp. Lagrange, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1987, reproduit p.16-17 Cat. Exp. Jean Lurçat, compagnons de route et passants considérables, Felletin, Eglise du château, 1992, reproduit p.29 Robert Guinot, Jacques Lagrange, les couleurs de la vie, Lucien Souny editeur, 2005, n°28, reproduit Gérard Denizeau, Denise Majorel, une vie pour la tapisserie, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie, reproduit p.73 J.J. et B. Wattel, Jacques Lagrange ets es toiles : peintures, tapisseries, cinéma, Editions Louvre Victoire, 2020, reproduit p.33, 70-71
  • La terre de France ne ment pas

     
    Tapisserie d’Aubusson. 1943.
        Le parcours de François Faureau est tout à fait singulier. Natif d’Aubusson, il suit les cours de l’ENAD, alors sous la direction de Marius Martin qui, déjà, promeut le gros tissage et les tons comptés que Lurçat reprendra à son compte. C’est ainsi qu’il participe au stand de l’ENAD à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 en tant que peintre-cartonnier avec la tapisserie « Solitude, verdure » ou l’écran « Canards », qui oscillent entre un style classicisant, et l’influence du cubisme. Il aura par la suite son propre atelier, mais son oeuvre restera confidentielle, et éloignée des protagonistes de la « Renaissance de la Tapisserie ».   Si les ateliers d’Aubusson (comme d’ailleurs les Manufactures Nationales) ont poursuivi leur activité sous l’occupation, les réalisations tissées soumises aux injonctions de l’Art-Maréchal restent rares, bien que ce savoir-faire traditionnel ait pu répondre aux valeurs de la Révolution Nationale. La célèbre formule prononcée dès le 25 juin 1940 par Pétain (Emmanuel Berl en étant la plume), et devenue un leitmotiv vichyste, exaltant la ruralité, l’enracinement, et, plus prosaïquement, l’agriculture, est illustrée ici de façon littérale, et synthétique : variété des travaux, de la végétation, des architectures, des animaux, … épanouis sous l’égide du régime de Vichy.     Provenance : Collection Régine Deforges   Bibliographie : Cat. Expo. Tapisseries 1925, Aubusson, Cité de la tapisserie, 2012
  • La légende de Saint hubert

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée dans l' atelier Pinton pour la Compagnie des Arts Français. 1943.  
     
    Adnet, à la tête de la Compagnie des Arts Français depuis 1928, souhaite redonner à la tapisserie une place éminente dans le décor intérieur, en n’imitant pas la Peinture, et en se contraignant aux tons comptés (dans une démarche parallèle à celle de Lurçat). Il sollicite pour cela, en même temps que Despierre, Coutaud, Planson, ou Brianchon. Féru d’art monumental (il concevra aussi des vitraux, des mosaïques, sera professeur puis chef de l’atelier d’art mural de l’Ecole nationale des Arts décoratifs), Despierre, après ces premières commandes pendant la guerre, sera régulièrement mis à contribution par les Manufactures nationales qui tisseront « la pêche », « la chasse », « le droit maritime », « le droit industriel et commercial »… au long des années 50 et 60.   Les couleurs franches (les vêtements du personnage de gauche, dignes du maniérisme !), les figures denses et monumentales (typiques de l’époque comme de l’artiste), ne doivent pas éluder la signification de la tapisserie : un sujet religieux, vecteur de foi et d’espérance dans une période troublée (Saint-Saëns, Lurçat aussi sauront dissimuler le symbole derrière l’apparence). Un paradoxe, si l’on considère les préoccupations, essentiellement décoratives, d’Adnet.   La Cité de la tapisserie d’Aubusson possède un exemplaire de cette tapisserie, inversée, et avec une bordure différente de la nôtre ; c’est celle qui est illustrée dans la bibliographie.     Bibliographie : Cat. Exp. La tapisserie française du moyen âge à nos jours, Musée d’Art Moderne, Paris, 1946, n°247 Heng Michèle, Aubusson et la renaissance de la tapisserie, Histoire de l'art N° 11, 1990, Varia, Fig. 5 page 69 Cat. Exp. Jean Lurçat, compagnons de route et passants considérables, Felletin, Eglise du château, 1992, reproduit p.20-21 Cat. Exp. Tapisserie et expressions du sacré, Aubusson, musée départemental de la tapisserie, 1999, reproduit p.36 Cat. Exp. Fantastiques chevauchées, le cheval en tapisserie, Aubusson, musée départemental de la tapisserie, 2008, reproduit p.63
  • Electricité

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Legoueix. Avec son bolduc signé de l'artiste. 1970.
        Lurçat sollicite Saint-Saëns, d’abord fresquiste, dès 1940. Et, pendant la guerre, celui-ci produit ses premiers chefs d’oeuvre allégoriques, tapisseries d’indignation, de combat, de résistance : « les Vierges folles », « Thésée et le Minotaure ». A l’issue de la guerre, tout naturellement, il rejoint Lurçat dont il partage les convictions (sur le carton numéroté et les tons comptés,  sur l’écriture spécifique que requiert la tapisserie,…) au sein de l’A.P.C.T.(Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie). Son univers, où la figure humaine, étirée, allongée,  tient une place considérable (comparée notamment à la place qu’elle occupe chez ses confrères Lurçat, ou Picart le Doux),  tourne autours de thèmes traditionnels : la femme, la Commedia dell’arte, les mythes grecs,…, sublimés par l’éclat des coloris et la simplification de la mise en page. Il évoluera ensuite, dans les années 60 vers des cartons plus lyriques, presque abstraits, où dominent éléments et forces cosmiques.   « L’éclair » [autre nom de notre carton]… témoigne de l’orientation nouvelle de Saint-Saëns, sensible dès les années 60 ; il évoque les forces cosmiques [ou, avec notre titre, les phénomènes physiques] moins par la précision du dessin que par la puissance, la stridence même de la couleur ….Cette tapisserie orna l’affiche de l’Aérospatiale lors de l’inauguration de son Centre Culturel à Toulouse en 1971», nous dit Michèle Heng, dans le catalogue de l’exposition d’Aubusson.       Bibliographie : Cat. Expo. Saint-Saëns, oeuvre tissé, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1987, reproduit p.47 Cat. Expo. Marc Saint-Saëns, tapisseries, 1935-1979, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1997-1998
  • Voyages, le 3e millénaire

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée dans l'atelier de Jacques Fadat. Certificat signé de l’artiste, n°1/1. 2000.
          S’il s’est fait connaître, à ses débuts, comme peintre de grands décors (pour la scène notamment), les incursions de Carzou dans la tapisserie sont relativement rares. On retrouve dans ce carton le style si caractéristique de l’artiste, fait d’entremêlement de lignes illustrant des sujets oniriques : le thème est une reprise du (seul) carton de Carzou tissé par les Manufactures Nationales, « l’invitation au voyage ». A l’orée du 3e millénaire (et à quelques mois de sa mort), l’artiste, régulier pourfendeur de la société moderne, a une singulière vision des voyages à venir, tournés vers l’aérostation et la marine à voile.
  • Equinoxe

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Tabard. Avec son bolduc. Circa 1945.
          L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres, la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde. Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde » ( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers) , inachevé à sa mort.   Dans une harmonie des couleurs sobre et nuancée, le thème de la table dressée prend une nouvelle résonance, comme écrasée par le soleil d’équinoxe, qui prend l’ascendant sur les habituelles natures mortes de gibier, langoustes, et mandoline.       Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1976 Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat, Meister der französischen Moderne, Halle, Kunsthalle, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016
  • Deux lumières

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Goubely-Gatien. Avec son bolduc signé de l'artiste. Circa 1955.
            L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres,  la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et  la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde. Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde » ( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers) , inachevé à sa mort.   A ses traditionnels motifs épars (étoiles, poissons, papillons….) grouillants, Lurçat joint 2 rais de lumière (d’où le titre) entrecroisés qui altèrent les couleurs sur leur trajet : on ne saurait mieux montrer que le soleil peut être un danger pour la tapisserie (un autre carton, « Coup de soleil »(autrefois en notre possession) témoigne, de façon encore plus explicite, du thème).     Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1976 Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat, Meister der französischen Moderne, Halle, Kunsthalle, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016  
  • Structure et lumière

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton. Avec son bolduc signé de l’artiste, n°1/6. 1964.
     
        Matégot, d’abord décorateur, puis créateur d’objets et de mobilier (activité à laquelle il renonce en 1959),  rencontre François Tabard en 1945, et lui donne ses premiers cartons, figuratifs d’abord, puis bientôt abstraits, dès les années 50. Il devient membre de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) en 1949, participe à de multiples expositions internationales (Matégot, comme Lurçat avant lui, sera un infatigable militant de la tapisserie), répond à de nombreuses commandes publiques, parfois monumentales (« Rouen », 85 m2 pour la préfecture de Seine-Maritime, mais aussi tapisseries pour Orly, pour la Maison de la Radio, pour le FMI…)  et réalise pas moins de 629 cartons jusque dans les années 70. En 1990 est inaugurée la fondation Matégot pour la tapisserie contemporaine à Bethesda, aux Etats-Unis. Matégot a fait partie, avec d’autres artistes comme Wogensky, Tourlière ou Prassinos, de ceux qui orienteront résolument la laine vers l’abstraction, lyrique d’abord, géométrique dans les années 70, en exploitant différents aspects techniques du métier : dégradés, battages, piqués, pointillés…     « Structure et lumière » a valeur programmatique : à l’époque, les tapisseries de Matégot sont fortement contrastées, et visent à des effets de transparence, comme de vitraux (cf. »Piège de lumière », « Ombres et lumières »….). Quant à la « structure », elle renvoie indifféremment au travail d’architecte-décorateur de Matégot, dont la fonction est d’agencer l’espace, de l’occuper, mais, surtout, à organiser l’espace même de la tapisserie, nonobstant son apparent lyrisme désordonné.     Bibliographie : Madeleine Jarry, la Tapisserie art du XXe siècle, Office du Livre, 1974, reproduite n°115 Cat. Exp. Matégot, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1990-1991, reproduite p.44 Patrick Favardin, Mathieu Matégot, Editions Norma, 2014, reproduite p.335 (avec l’artiste devant lors de l’exposition de 1990)
  • Serpent d'étoiles

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Tabard. Avec son bolduc signé de l'artiste. 1961.
            Membre de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie), Wogensky est un des nombreux artistes qui se consacreront à la tapisserie à la suite de Lurçat, dans l’immédiat après-guerre. D’abord influencé par celui-ci, l’oeuvre de Wogensky (159 cartons d’après le catalogue d’exposition de 1989) évolue ensuite ensuite dans les années 60 vers une abstraction lyrique pas toujours complètement assumée, des thèmes cosmiques-astronomiques aux formes d’oiseaux décomposées et en mouvement, vers des cartons plus épurés et moins denses. S’il s’est toujours proclamé peintre, la réflexion de l’artiste sur la tapisserie est très aboutie : “Réaliser un carton mural…. c’est penser en fonction d’un espace qui ne nous appartient plus, par ses dimensions, son échelle, c’est aussi l’exigence d’un geste large qui transforme et accentue notre présence”.   « Serpent d’étoiles » renvoie à la constellation éponyme (mais aussi à l’œuvre de Giono), à une époque (toutes les années 60) où son goût pour un absolu lyrique pousse Wogensky à traiter les astres, l’Espace, les galaxies, depuis « Cassiopée » en 1961, « Chant des étoiles » de 1962 (présentée à la Biennale de Lausanne), jusqu’à « Galaxie » (1970), conservée au Sénat. Une tapisserie similaire est conservée par le Conseil Régional du Limousin.     Bibliographie : Cat. Expo. Robert Wogensky, tapisseries, Galerie la Demeure, 1962, reproduite Cat. Expo. Robert Wogensky, l’oeuvre tissé, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie, 1989 Cat. Expo. Robert Wogensky, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1989-1990, reproduite p.20 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992, reproduite p.73 Gérard Denizeau, Denise Majorel, une vie pour la tapisserie, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie, reproduite p.67  
  • Tauromachie

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Rivière des Borderies. 1946.
          Perrot commence son oeuvre de cartonnier à l’issue de la guerre, réalisant près de 500 cartons, avec de nombreuses commandes de l’Etat, la plupart tissées à Aubusson. Son style éminemment décoratif et chatoyant est très caractéristique :  un foisonnement de papillons ou d’oiseaux, le plus souvent, se détache sur un fond végétal, dans le goût des tapisseries mille-fleurs (dont s’inspirera aussi Dom Robert).   Tapisserie atypique dans l’œuvre de Perrot : gamme chromatique audacieuse de stridence, traitement inhabituellement épuré, thème singulier, comme chorégraphié, et impliquant la figure humaine ; on est près de Saint-Saëns. Mais peut-être s’agit-t-il là d’un carton de commande ?   Bibliographie : Tapisserie, dessins, peintures, gravures de René Perrot, Dessein et Tolra, 1982      
  • Les buveurs

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Tabard. 1944.
          Lurçat sollicite Saint-Saëns, d'abord fresquiste, dès 1940. Et, pendant la guerre, celui-ci produit ses premiers chefs d'oeuvre allégoriques, tapisseries d'indignation, de combat, de résistance : "les Vierges folles", "Thésée et le Minotaure". A l'issue de la guerre, tout naturellement, il rejoint Lurçat dont il partage les convictions (sur le carton numéroté et les tons comptés,  sur l'écriture spécifique que requiert la tapisserie,...) au sein de l'A.P.C.T. (Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie). Son univers, où la figure humaine, étirée, allongée,  tient une place considérable (comparée notamment à la place qu'elle occupe chez ses confrères Lurçat, ou Picart le Doux),  tourne autours de thèmes traditionnels : la femme, la Commedia dell'arte, les mythes grecs,..., sublimés par l'éclat des coloris et la simplification de la mise en page. Il évoluera ensuite, dans les années 60 vers des cartons plus lyriques, presque abstraits, où dominent éléments et forces cosmiques.   « Le premier exemplaire des  Buveurs  fut une commande d ‘un ami de Saint-Saëns…. Le carton des  Buveurs , tissé à 8 exemplaires revint comme une pomme de discorde dans la correspondance Tabard/ Saint-Saëns, à cause de son coût de tissage.  les Buveurs  témoignent d’une solide joie de vivre et se rattachent au thème fécond de la vigne et des Saisons… » ( Cat. Expo. Marc Saint-Saëns, tapisseries, 1935-1979, Angers, p.26). Le contraste thématique est saisissant d’avec les précédents cartons de l’artiste : Orion, Thésée, les vierges folles,…Il retrouvera cette légèreté dans  le braconnier  ou  le bouquet . Un exemplaire de la tapisserie a figuré à l’exposition de 1946 du Musée National d’Art Moderne « la tapisserie française du Moyen-âge à nos jours » (n°297).   Bibliographie : Jean Lurçat, Tapisserie Française, Bordas, 1947, reproduite pl.42 Cat. Expo. Saint-Saëns, galerie La Demeure, 1970 Cat. Expo. Saint-Saëns, oeuvre tissé, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1987 Cat. Expo. Marc Saint-Saëns, tapisseries, 1935-1979, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1997-1998, reproduit p.26 Cat. Expo. Tissages d'ateliers, tissages d'artistes, dix ans d'enrichissement des collections, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 2004, reproduit p.85  
  • Le grand été

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton. Avec son bolduc signé. 1957.
        L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres, la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde. Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde » ( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers) , inachevé à sa mort.   Si le titre renvoie à une saison, c’est plus à une évocation d’exotisme que nous convie Lurçat : le voyage en Amérique du Sud au mitan des années 50 a inspiré de nombreux cartons peuplés de colibris, de papillons, et d’une végétation exubérante.   Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1976 Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat, Meister der französischen Moderne, Halle, Kunsthalle, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016  
  • Composition

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Rivière des Borderies. Circa 1950.
      Proche de Bertholle et de Le Normand, avec lequel il réalise des fresques dans les années 40, Idoux donne son premier carton en 1946, et adhere à l’A.P.C.T. en 1951. Ses tapisseries, aux résonances géométriques et optiques harmonieusement rythmées (nous ne sommes qu’au début des années 50 !) sont un écho de ses realisations dans le domaine du vitrail (à Notre-Dame de Royan par exemple). Si le parcours d’Idoux en tapisserie est météorique (une vingtaine de cartons en une dizaine d’années), il atteindra néanmoins un point d’orgue officiel avec “Jardin Magique”  et “Fée Mirabelle” tissées pour le salon des premières classes du paquebot “France” (“Jardin magique”est maintenant conservé à l’écomusée de Saint-Nazaire).
  • Helios

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Picaud. Avec son bolduc signé de l'artiste. Circa 1960.
      L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres, la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde.   Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde » ( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers) , inachevé à sa mort.   Souvent Lurçat cloisonne ; à ses damiers, à ses armoires, se substituent des spirales découpées en escargot (cf. aussi « Haut zodiac » par exemple), dont la forme ronde évoque, avec des rayons jaillissants, l’astre solaire : ici, le titre ne laisse pas d’équivoque.

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      Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat.Expo. Jean Lurçat, Nice, Musée des Ponchettes, 1968, ill. Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1976 Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Denise Majorel, une vie pour la tapisserie, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat, Meister der französischen Moderne, Halle, Kunsthalle, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016
  • Les six cyprès

        Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Goubely. Avec son bolduc signé de l’artiste. 1957.     « Je me suis intéressé à la tapisserie surtout parce que j’étais excité par la technique du carton numéroté qui consiste à fabriquer une image colorée mentale à l’aide d’un code…..La tapisserie est un exercice essentiel. Telle que je l’ai pratiquée, c’est peut-être une volonté de mettre en question les moindres détails d’une oeuvre faite sur un plan à deux dimensions » (propos recueillis dans Cat. Exp. Prassinos, rétrospective de l’oeuvre peint et dessiné, Puyricard, 1983) Voilà pour le credo. C’est en 1951 que Prassinos réalise ses premiers cartons (la plupart, 150 environ, seront tissés par l’atelier Goubely) ; puis il rejoint l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie). Après quelques cartons sur le thème des oiseaux, Prassinos, comme d’autres artistes proches de Lurçat pourtant (Matégot, Wogensky,…), orientera résolument la tapisserie vers l’abstraction, dans un style personnel fait de formes sinueuses imbriquées, dans des tons contrastés (souvent dans une gamme de couleurs noir-rouge-marron-beige).   L’installation de Prassinos à Eygalières date de 1951, et ses premières tapisseries sont quasi contemporaines : « Cyprès noir » et »Cyprès rouge », de 1952, font partie de ses tous premiers cartons, échos entre une technique et un lieu simultanément découverts. Le sujet est ici repris avec plus d’ampleur ; un des 3 exemplaires est conservé au Musée Municipal d’Arnhem.     Bibliographie : Cat. Expo. Mario Prassinos, œuvre tissé, Galerie la Demeure, 1961, reproduit p.20-21 Cat. Expo. Prassinos, Tapisseries monumentales, abbaye de Montmajour, Arles, 1974 Mario Prassinos, œuvre tissé, La Demeure, 1974, n°20 Cat. Expo. Mario Prassinos, Tapisseries , Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1984 Cat. Expo. Prassinos, Tapisseries, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1988
  • La plage

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l’atelier Pinton pour la Compagnie des arts français. 1942.
    Adnet, à la tête de la Compagnie des Arts Français depuis 1928, souhaite redonner à la tapisserie une place éminente dans le décor intérieur, en n’imitant pas la Peinture, et en se contraignant aux tons comptés (dans une démarche parallèle à celle de Lurçat). Il sollicite pour cela, en même temps que Desnoyer, Coutaud, Planson, ou Brianchon. Surtout connu comme peintre de chevalet, Desnoyer, au classicisme tempéré par l’intensité des couleurs, est l’un des peintres importants de l’école française de l’Entre-deux-guerres. Il sera également tissé aux Gobelins dans les années 50.   On retrouve dans notre carton les formes simplifiées et les couleurs saturées caractéristiques de l’art pictural de Desnoyer. Quant au thème, il est récurrent chez l’artiste (qui vivra à Sète, puis à Saint-Cyprien), même si, rétrospectivement, il peut apparaître en décalage avec la vie quotidienne pendant l’Occupation.       Bibliographie : Cat. Exp. La tapisserie française du moyen âge à nos jours, Musée d’Art Moderne, Paris, 1946, n°246 Cat. Exp. Le Mobilier National et les Manufactures Nationales des Gobelins et de Beauvais sous la IVe République, Beauvais, Galerie de la Tapisserie, 1997
  • Composition

     
    Tapisserie, probablement d'Aubusson. Circa 1970.
    Si le passage à l’abstraction s’opère chez Lanskoy à partir des années 40, ses premiers cartons datent des années 50 : ils seront donc tous abstraits. D’abord tissé à Aubusson chez Picaud, il donne ensuite la plupart de ses cartons à Maurice Chassagne (dont aucune marque d’atelier, ni bolduc ne figurent jamais sur les tapisseries qu’il a tissées), mais il fut aussi tissé aux Manufactures Nationales, et « Consolation » orna le paquebot « France », preuve de l’inscription de l’artiste dans l’histoire de l’art français. Protagoniste majeur de l’abstraction lyrique, défendu par les principales galeries de l’époque (Jeanne Bucher, Louis Carré), Lanskoy, dont la peinture foisonnante s’épanouit parfois en fééries de couleurs (les roses, les mauves, les oranges… ont régulièrement droit de cité) parvient à se passer de ses caractéristiques empâtements lorsqu’il s’agit d’être tissé. De même, le lyrisme des formes y apparaît souvent plus contenu.
     
  • Sonnen-Vision (Soleils-Vision)

      Tapisserie tissée par la Münchener Gobelin Manufaktur. Avec son bolduc signé de l'artiste. 1975.    
    Holger a été élève à l’Ecole Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson, et a travaillé avec Lurçat avant la mort de celui-ci, en 1966. Il a réalisé de nombreux cartons oniriques tissés à Aubusson. Etabli aux Etats-Unis, il reste un infatigable défenseur, et témoin, de la tapisserie moderne, en organisant expositions et  conférences sur le sujet.   Certains de ses cartons ont été tissés dans les 2 manufactures en activité en Allemagne, à Nuremberg et Münich, au point d’Aubusson.
     
  • Arès et Aphrodite

     
    Tapisserie d’Aubusson tissée dans l’atelier Picaud. Avec son bolduc signé de l’artiste, n°1/4. Circa 1970.
        "On comprendra maintenant qu'après avoir fondé une peinture sur l'amour de la tapisserie, il était pour moi relativement facile, et bien tentant, de bâtir une tapisserie qui soit fidèle à ma peinture" dira l'artiste dans le catalogue d'exposition de la Galerie Verrière de 1970. Ce n'est qu'en 1961 qu'il commence à réaliser des cartons (plus d'une cinquantaine), à la fois pour la tapisserie de lisse (à Aubusson, mais aussi au Mobilier National, avec parfois le concours de Pierre Baudouin), mais aussi pour la technique du petit point. On retrouve dans ces cartons la palette très audacieuse de l'artiste faite de couleurs primaires. Mais si la grammaire plastique de Lapicque est fixée dans les années 50, les thèmes abordés se succèdent : ainsi, les sujets mythologiques (récurrents dans l’histoire de la Tapisserie) font suite à un voyage en Grèce en 1964, et « Diane et Actéon », puis « Pélops » seront ses premiers cartons tissés à Aubusson, avant notre « Arès et Aphrodite » à la narration respectueuse des textes anciens (Homère, Ovide) : le filet d’Héphaïstos, les dieux de l’Olympe riant de la scène…   Bibliographie : Cat. Expo.Lapicque, Lyon, Galerie Verrière, 1970
  • Le verger

     
     
    Tapisserie tissée par l'atelier Braquenié. Avec son bolduc. 1965.
        De la prolifique école belge de tapisserie moderne, Mary Dambiermont, qui en est l’une des protagonistes les plus sensibles, est résolument orientée vers la figuration. Ses débuts en tapisserie, à 24 ans, en 1956, préludent à une collaboration étroite avec la maison Braquenié, dès 1957, puis aux participations à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958,  et  aux 2 premières Biennales de tapisserie de Lausanne en 1962 et 1965. Son univers est singulier,  fait de personnages hiératiques, souvent féminins, déployés dans des paysages oniriques, étranges et parfois inquiétants. Notre carton, exposé à la biennale de Lausanne, est une évocation d’ampleur du thème, contemporain, de l’enclos (20 tapisseries exposées en 1966), lui-même écho de l’ »hortus conclusus « médiéval.   Bibliographie : Cat. Expo. 2e biennale internationale de la tapisserie, Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts, 1965, ill. p.19 Paul Caso, Mary Dambiermont, Editions Arts et voyages, 1975, ill p.42-43
  • Soleil d'août

      Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Braquenié. Avec son bolduc signé de l'artiste. 1958.       Jean Picart le Doux est l’un des grands animateurs du renouveau de la tapisserie. Ses débuts dans le domaine datent de 1943 : il réalise alors des cartons pour le paquebot « la Marseillaise ». Proche de Lurçat, dont il épouse les théories (tons limités, cartons numérotés,…), il est membre fondateur  de l’A.P.C.T.(Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie), et bientôt professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. L’Etat lui commande de nombreux cartons tissés pour la plupart à Aubusson, pour certains aux Gobelins : les plus spectaculaires le seront pour l’Université de Caen, le Théâtre du Mans, le Paquebot France ou la Préfecture de la Creuse,…. Si les conceptions de Picart le Doux  sont proches de celles de Lurçat, ses sources d’inspiration, ses thématiques, le sont aussi,  mais dans un registre plus décoratif que symbolique, où se côtoient les astres (le soleil, la lune, les étoiles…), les éléments, la nature (le blé, la vigne, les poissons, les oiseaux…), l’homme, les textes,….   Le thème des moissons apparaît dès 1944 chez l’artiste (« La moisson », dont un exemplaire est conservé à la Cité de la Tapisserie à Aubusson), ainsi que les allégories des saisons. Le personnage à la faux reprend d’ailleurs celui de « l’Hiver », de 1950, une de ses tapisseries les plus célébrées. Ici, la composition est devenue monumentale.     Bibliographie : Marthe Belle-Joufray, Jean Picart le Doux, Publications filmées d’art et d’histoire, 1966 Maurice Bruzeau, Jean Picart le Doux, Murs de soleil, Editions Cercle d’art, 1972, n°85 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, tapisseries, Musée de Saint-Denis, 1976 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, Musée de la Poste, 1980      
  • La sylve

     
     
    Tapisserie tissée par l'atelier Braquenié. Avec son bolduc. 1968.
      De la prolifique école belge de tapisserie moderne, Mary Dambiermont, qui en est l’une des protagonistes les plus sensibles, est résolument orientée vers la figuration. Ses débuts en tapisserie, à 24 ans, en 1956, préludent à une collaboration étroite avec la maison Braquenié, dès 1957, puis aux participations à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958,  et  aux 2 premières Biennales de tapisserie de Lausanne en 1962 et 1965. Son univers est singulier,  fait de personnages hiératiques, souvent féminins, déployés dans des paysages oniriques, étranges et parfois inquiétants. Parfois même, mais rarement avec l’ampleur de notre carton (12 m² !), la Nature se suffit à elle-même, écartant toute narration, en écho à des âges passés de l’Histoire de la Tapisserie : « Verdure du XXe siècle, elle établit les arcs-boutants d’une forêt immuable. » (Paul Caso, Mary Dambiermont, p.56)   Bibliographie : Paul Caso, Mary Dambiermont, Editions Arts et voyages, 1975, ill p.54-55  
  • Les Champs-Elysées

     
     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton pour la Compagnie des Arts Français. 1945.
        La place, conséquente et particulière, qu’occupe Maurice Brianchon dans la rénovation de la tapisserie tient à ses relations avec Jacques Adnet. Enseignant à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs, Brianchon réalise des décors muraux ainsi que plusieurs décors de théâtre, et, pendant la guerre, 6 cartons pour la Compagnie des Arts Français (qui seront, avec les 2 consentis aux Manufactures Nationales, les seuls de l’artiste). Si son style le rapproche des Nabis (et singulièrement de Vuillard), ses thèmes, en tapisserie, renvoient à la grande tradition française, dont la Compagnie des Arts Français se veut alors l’incarnation : faunes, divinités, spectacles anachroniques,…. sont évoqués de façon poétique et onirique, très précieuse et raffinée. "Le Ballet", carton tissé aux Gobelins est contemporain; s'il conserve ici la composition générale (acteurs sur "les planches" dans des costumes proches de ceux alors conçus par l'artiste pour les "Fausses confidences" de Marivaux, décors latéraux, perspective...), Brianchon fait ici le choix de la monochromie et, une fois n'est pas coutume, le carton tissé dans les ateliers privés est de plus grandes dimensions que celui exécuté dans les Manufactures Nationales.     Bibliographie : J. Cassou, M. Damain, R. Moutard-Uldry, la tapisserie française et les peintres-cartonniers, Editions Tel, 1957 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la Tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie, 1992, ill. n°9 Cat. Expo. Le Mobilier National et les Manufactures Nationales des Gobelins et de Beauvais sous la IVe République, Beauvais, galerie nationale de la tapisserie, 1997
  • New York

       
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Goubely. Avec son bolduc signé. 1960.
        L’Œuvre de Lurçat est immense : c’est toutefois son rôle dans la rénovation de l’art de la tapisserie qui lui vaut d’être passé à la postérité. Dès 1917, il commence par des œuvres au canevas, puis, dans les années 20 et 30, il travaillera avec Marie Cuttoli. Sa première collaboration avec les Gobelins date de 1937, alors qu’il découvre simultanément la tenture de l’Apocalypse d’Angers qui l’incite définitivement à se consacrer à la tapisserie. Il abordera les questions techniques d’abord avec François Tabard, puis à l’occasion de son installation à Aubusson pendant la guerre, il définira son système : gros point, tons comptés, cartons dessinés numérotés. Une production gigantesque commence alors (plus de 1000 cartons), amplifiée par la volonté d‘entraîner ses amis peintres, la création de l’A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) et la collaboration avec la galerie La Demeure et Denise Majorel, puis par son rôle d’inlassable propagateur du médium à travers le Monde.   Son œuvre tissée témoigne d’un art d’imagier spécifiquement décoratif, dans une iconographie symbolique très personnelle, cosmogonique (soleil, planètes, zodiaque, 4 éléments…), végétale stylisée, animale (boucs, coqs, papillons, chimères…), se détachent sur un fond sans perspective (volontairement éloigné de la peinture), et destinée, dans ses cartons les plus ambitieux, à faire partager une vision à la fois poétique (il émaille d’ailleurs parfois ces tapisseries de citations) et philosophique (les grands thèmes sont abordés dès la guerre : la liberté, la résistance, la fraternité, la vérité… ) et dont le point culminant sera le « Chant du Monde » ( Musée Jean Lurçat, ancien hôpital Saint-Jean, Angers) , inachevé à sa mort.   Le thème, l’urbanisme moderniste, est rare chez l’artiste (la tapisserie est parfois aussi intitulée Chicago), et n’apparaît qu’assez tard. N’oublions pas néanmoins la figure du frère, André, architecte, et, le thème, omniprésent, du cloisonnement : le gratte-ciel devient un avatar de l’armoire ou du damier.     Bibliographie : Tapisseries de Jean Lurçat 1939-1957, Pierre Vorms Editeur, 1957 Cat.Expo. Jean Lurçat, Nice, Musée des Ponchettes, 1968 Cat. Expo. Lurçat, 10 ans après, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1976, reproduite Cat. Expo. Les domaines de Jean Lurçat, Angers, Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1986 Colloque Jean Lurçat et la renaissance de la tapisserie à Aubusson, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1992 Cat. Expo. Dialogues avec Lurçat, Musées de Basse-Normandie, 1992 Cat. Expo. Jean Lurçat, Donation Simone Lurçat, Académie des Beaux-Arts, 2004 Gérard Denizeau, Denise Majorel, une vie pour la tapisserie, Aubusson, Musée départemental de la tapisserie Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Liénart, 2013 Cat. Expo. Jean Lurçat, Meister der französischen Moderne, Halle, Kunsthalle, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat au seul bruit du soleil, Paris, galerie des Gobelins, 2016 Cat. Expo. Jean Lurçat, la terre, le feu, l’eau, l’air, Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud, 2024
  • Eveil du jour

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton. Avec son bolduc, n°1/1. Circa 1980.
             
  • Composition au chou

     
    Tapisserie tissée par Lilette Keller. Circa 1963.
          Sam Szafran, s’il est connu comme le peintre (ou plutôt le pastelliste, l’aquarelliste) des philodendrons et des escaliers, fut aussi, avant, au début des années 60, celui des choux ; il en raconte ainsi la germination : "Je me souviens quand mon grand-père m'emmenait à la synagogue, rue Pavée. On passait à travers le Marais. C'était l'été. Dans les rues, il y avait une affreuse odeur de choux, car c'est le légume le meilleur marché, le plus consistant". C’est de cette époque que datent ses débuts comme pastelliste, et la rencontre avec celle qui deviendra sa femme, Lilette Keller, lissière et assistante de Jean Lurçat.   C’est donc à la confluence de ces éléments, et qui les incarne, que gît notre tapisserie, l’une des rares de l’artiste et de sa femme, dans une exemplaire collaboration (rappelons-nous néanmoins de Marthe Hennebert tissant Lurçat) : un chou, très réalistement rendu, grâce à de subtils chinages, est pris dans un maelstrom de verdure (thème-couleur de la tapisserie s’il en est), qui n’est pas sans annoncer les trames de philodendrons ultérieurs, opaques et denses.   Bibliographie : Cat.Expo. Sam Szafran, obsessions d'un peintre, Paris, Musée de l'Orangerie, 2022-2023, p.175  
  • Amazonie

      Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Hamot. Avec son bolduc signé de l'artiste. 1962.         Jean Picart le Doux est l'un des grands animateurs du renouveau de la tapisserie. Ses débuts dans le domaine datent de 1943 : il réalise alors des cartons pour le paquebot "la Marseillaise". Proche de Lurçat, dont il épouse les théories (tons limités, cartons numérotés,...), il est membre fondateur  de l'A.P.C.T.(Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie), et bientôt professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. L'Etat lui commande de nombreux cartons tissés pour la plupart à Aubusson, pour certains aux Gobelins : les plus spectaculaires le seront pour l'Université de Caen, le Théâtre du Mans, le Paquebot France ou la Préfecture de la Creuse,.... Si les conceptions de Picart le Doux  sont proches de celles de Lurçat, ses sources d'inspiration, ses thématiques, le sont aussi,  mais dans un registre plus décoratif que symbolique, où se côtoient les astres (le soleil, la lune, les étoiles...), les éléments, la nature (le blé, la vigne, les poissons, les oiseaux...), l'homme, les textes,.... Depuis « Orénoque », de 1956 (Bruzeau n°72), l’Amérique du Sud revient régulièrement chez Picart le Doux. Ici, « la huppe », carton vertical (Bruzeau n°97) est prolongé horizontalement par le fleuve habité de tortues, poissons,…, dans un bel effet décoratif.   Bibliographie : Marthe Belle-Jouffray, Jean Picart le Doux, Publications filmées d’art et d’histoire, 1966, reproduit n°7 Maurice Bruzeau, Jean Picart le Doux, Murs de soleil, Editions Cercle d'art, 1972, ill. n°129 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, tapisseries, Musée de Saint-Denis, 1976 Cat. Exp. Jean Picart le Doux, Musée de la Poste, 1980, n°14  ill.    
  • Saint-Mars (composition bleus noir jaune rouge blanc)

    Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Tabard. Avec son bolduc. 1963.
    Très vite peintre abstrait, Mortensen s'installe à Paris en 1947, et expose bientôt, avec d'autres tenants de l'abstraction géométrique, à la galerie Denise René. Et, en  1952, avec le concours de François Tabard et de Vasarely s'ouvre à la galerie l'exposition "12 tapisseries inédites", où figurent, aux côtés de Le Corbusier ou Léger, des oeuvres de Deyrolle, Taueber-Arp ou Mortensen, qui sont ainsi les premiers peintres abstraits à être tissés : un nouveau mode d'expression est ainsi né (n'oublions pas que nous sommes alors dans l'outrageuse domination du "style Lurçat"), dont se réclameront ensuite Gilioli, Matégot ou Tourlière. La participation de Mortensen  aux "tapisseries René-Tabard" durera jusqu'en 1968, bien qu'il soit rentré au Danemark dès 1964. Les 14 tapisseries de l'artiste qui seront tissées reprennent ses grandes compositions géométriques, aux couleurs claires, vives et contrastées, aux grands aplats colorés, rendus avec bonheur par les liciers de l'atelier Tabard.   « L’une des plus belles » tapisseries de Mortensen, d’après Valentine Fougère (Tapisseries de notre temps, Paris, 1969), « Saint-Mars » , au titre obscur, est dérivée d’une estampe de 1962. Le style, très géométrique, et cerné de liserés, aux couleurs primaires en aplat, est caractéristique de l’œuvre de Mortensen en 1961-1962. Ce modèle, conservé à la fois au Mobilier National (un achat auprès de la galerie Denise René dès 1963) et à la Cité de la Tapisserie d’Aubusson, a été tissé en 2 formats : les dimensions de notre exemplaire correspondent à celui de la Cité. Provenance : collection Denise René
     
    Bibliographie : Madeleine Jarry, la Tapisserie, art du XXe siècle, Fribourg, 1974, ill. n°145 Cat. Expo. Aubusson, la voie abstraite, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1993, ill. p.14 (in situ dans la galerie Denise René lors d’une exposition en 1964), et p.32 Actes du colloque, la tapisserie hier et aujourd’hui, Paris, 2011, ill. n°6 p.213 Guide du visiteur, nef des tentures, Cité internationale de la Tapisserie, 2016, Aubusson, ill. p.84
  • Santa Barbara II

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l’atelier Pinton. Avec son bolduc signé de l’artiste, n°2/6. 1960.
          Matégot, d'abord décorateur, puis créateur d'objets et de mobilier (activité à laquelle il renonce en 1959),  rencontre François Tabard en 1945, et lui donne ses premiers cartons, figuratifs d'abord, puis bientôt abstraits, dès les années 50. Il devient membre de l'A.P.C.T. (Association des Peintres-Cartonniers de Tapisserie) en 1949, participe à de multiples expositions internationales (Matégot, comme Lurçat avant lui, sera un infatigable militant de la tapisserie), répond à de nombreuses commandes publiques, parfois monumentales ("Rouen", 85 m2 pour la préfecture de Seine-Maritime, mais aussi tapisseries pour Orly, pour la Maison de la Radio, pour le FMI...)  et réalise pas moins de 629 cartons jusque dans les années 70. En 1990 est inaugurée la fondation Matégot pour la tapisserie contemporaine à Bethesda, aux Etats-Unis. Matégot a fait partie, avec d'autres artistes comme Wogensky, Tourlière ou Prassinos, de ceux qui orienteront résolument la laine vers l'abstraction, lyrique d'abord, géométrique dans les années 70, en exploitant différents aspects techniques du métier : dégradés, battages, piqués, pointillés...   Notre carton reprend un titre déjà employé en 1954 : le traitement témoigne de l’évolution esthétique de Matégot vers des formes moins cloisonnées, plus souples. Il rentre dans un corpus important de tapisseries aux intonations exotiques : « Acapulco », « Mindanao », « Linarès »…   Bibliographie : Waldemar Georges, Mathieu Matégot, numéro spécial Prisme des Arts, 1957 Cat. Exp. Matégot, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1990-1991, reproduit p.33 Patrick Favardin, Mathieu Matégot, Editions Norma, 2014
     
  • Le cirque

       
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton. Circa 1945.
         
    Femme-peintre, Marguerite Louppe  épouse Maurice Brianchon en 1934. Elle l’assistera régulièrement dans la réalisation de grandes décorations murales; de la même façon, quand Jacques Adnet sollicite Brianchon pour concevoir des cartons de tapisserie dans les années 40, Louppe en fournira elle-même. Le style (perspective, dégradés,…), les thèmes renvoient  habituellement (ici la veine est plus populaire) au grand décor classique « à la française » dont Adnet et la Compagnie des Arts Français se voulaient l’incarnation : bientôt, Lurçat et ses suiveurs balaieront cette esthétique, aux réussites pourtant manifestes.
  • Ornements

     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Tabard. Avec son bolduc signé de l'artiste, n°4. 1963.     Lurçat sollicite Saint-Saëns, d'abord fresquiste, dès 1940. Et, pendant la guerre, celui-ci produit ses premiers chefs d'oeuvre allégoriques, tapisseries d'indignation, de combat, de résistance : "les Vierges folles", "Thésée et le Minotaure". A l'issue de la guerre, tout naturellement, il rejoint Lurçat dont il partage les convictions (sur le carton numéroté et les tons comptés,  sur l'écriture spécifique que requiert la tapisserie,...) au sein de l'A.P.C.T. (Association des Peintres-cartonniers de Tapisserie). Son univers, où la figure humaine, étirée, allongée,  tient une place considérable (comparée notamment à la place qu'elle occupe chez ses confrères Lurçat, ou Picart le Doux),  tourne autours de thèmes traditionnels : la femme, la Commedia dell'arte, les mythes grecs,..., sublimés par l'éclat des coloris et la simplification de la mise en page. Il évoluera ensuite, dans les années 60 vers des cartons plus lyriques, presque abstraits, où dominent éléments et forces cosmiques.     Ce carton s'inscrit justement dans cette veine. Citons le catalogue de 1987 (p.37) : "Ornements, tapisserie purement décorative, s'apparente à Dédale, Biologie (conservée à la Direction du CNRS) Bel Canto, par son style ample, délié, lyrique, très proche des études au pinceau dans lesquelles Saint-Saëns se laissait aller au bonheur de la couleur librement étalée". Ce carton a été tissé à 5 exemplaires.     Bibliographie : Cat. Expo. Saint-Saëns, oeuvre tissé, Aubusson, Musée départemental de la Tapisserie, 1987 (tapisserie ayant figurée à l'exposition, mais non reproduite dans le catalogue) Cat. Expo. Marc Saint-Saëns, tapisseries, 1935-1979, Angers, Musée Jean Lurçat et de la Tapisserie Contemporaine, 1997-1998 (reproduit p.22) Cat. Expo. Marc Saint-Saëns, galerie Moulins, PAD 2010 (reproduit p.16)    
  • Composition

     
     
    Tapisserie d'Aubusson tissée par l'atelier Pinton. Avec son bolduc. Circa 1960.
             

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